Tout prospecteur aime chercher, par définition. La recherche de fossiles est une activité très intéressante pour un prospecteur, y compris un chercheur d’or. Pour ce qui est des fossiles, nous sommes plutôt bien lotis en France. En effet, il demeure assez facile d’en trouver.
Avant de vous donner les différents coins intéressants pour trouver des fossiles, nous allons nous attarder un peu plus sur ce qu’est réellement un fossile et sa formation géologique. L’objectif de cet article est de vous donner toutes les armes pour comprendre comment se crée un fossile afin de faciliter sa recherche.
Qu’est-ce qu’un fossile ?
Un fossile est le reste naturellement préservé de traces d’animaux ou de plantes ayant vécu dans le passé géologique. Il existe deux principaux types de fossiles : les corps et les traces. Les fossiles corporels comprennent les restes d’organismes qui étaient autrefois vivants et les traces de fossiles sont les signes de la présence d’organismes. L’étude des fossiles est appelée paléontologie, du grec signifiant « ancien (paléo-), ce qui est (onto-), étude (-logie) » soit l’étude de ce qui est ancien.
Les scientifiques qui étudient les fossiles sont appelés paléontologues. Les fossiles sont d’un intérêt particulier pour les géologues, car ils peuvent aider à déterminer l’âge d’une roche par rapport à d’autres ou à identifier l’environnement dans lequel la roche s’est formée, ainsi que l’organisme qui s’y est déposé. Par ailleurs, la recherche de fossiles est également très intéressante pour le grand public, afin de se familiariser et de collectionner ces merveilleux artefacts du passé.
Tout être vivant (animal, plante, bactérie ou champignon) peut devenir un fossile, mais comme le processus de fossilisation est destructeur, tout ce qui meurt n’est pas forcément préservé. La plupart des organismes morts sont mangés, pourrissent ou sont détruits par l’environnement avant qu’ils n’aient la chance de devenir des fossiles.
Certaines parties animales ou végétales se conservent plus facilement que d’autres. Par exemple, les os se fossilisent mieux que la chair et les organes, car moins de prédateurs et de charognards mangent des os et ils sont plus résistants à la destruction physique et chimique. Les organismes comme les méduses sans partie dure comme les os ou les coquilles sont rares dans les archives paléontologiques car ils sont moins susceptibles d’être préservés.
Normalement, seules les parties les plus résistantes et dures des animaux et des plantes deviennent des fossiles. Parfois, l’environnement arrive à préserver des organismes complets à corps mou, rarement fossilisés en général, ou un écosystème entier. Ces emplacements spéciaux sont communément appelés « lagerstätten« , un mot allemand signifiant «dépôt».
Ces sites sont importants pour les scientifiques, car ils peuvent nous en dire long sur la façon dont les animaux ont vécu, comment ils sont morts, et comment les différents types d’organismes interagissent les uns avec les autres dans cet environnement. Des conditions environnementales spéciales sont généralement nécessaires pour former l’un de ces sites. Soit les animaux ont été rapidement tués et enterrés par anaérobie (manque d’oxygène) ou cendres volcaniques, soit la chimie de l’eau était particulièrement efficace pour préserver les corps.
Des comportements fossilisés.
Parfois, les organismes laissent derrière eux des indications de leur comportement, telles que des traces de leur présence sans laisser derrière eux des parties de leur corps. Ces comportements fossilisés sont connus sous le nom de « traces de fossiles« . Les traces de fossiles peuvent inclure des empreintes d’animaux, des marques de morsure, des coprolithes (excréments fossiles), un nid ou un terrier préservé.
Ce n’est donc pas l’animal ou la plante que nous avons en fossile mais des indices de leur présence qui se sont retrouvés fossilisés. Ces indices nous apportent parfois des informations sur leurs déplacements, leurs modes de vie, leurs habitudes alimentaires …
Les étapes de fossilisation.
La fossilisation de l’organisme n’est pas une généralité, mais son processus est toujours le même. Cela commence par un enfouissement de l’animal ou de l’organisme en fouille dans les roches sédimentaires ou des cendres provenant d’une éruption volcanique. Par la suite, c’est un ensemble de changements et de transformations mécaniques et chimiques qui rentrent en jeu, afin de commencer cette transformation du biologique vers le minéral.
Cependant, il est nécessaire d’avoir toutes les conditions qui permettent le processus de fossilisation. On estime que moins de 0,1 % des organismes se fossilisent.
Heureusement pour nous, le temps et le nombre d’espèces fait que les occurrences sont nombreuses. Lorsqu’un organisme meurt, ce sont les tissus mous qui sont attaqués en premier lieu par les microorganismes et les champignons. Ce processus de décomposition peut être parfois stoppé net en cas d’enfouissement rapide du cadavre.
Celui-ci ralentit considérablement la décomposition du corps et retarde encore plus la décomposition des eaux ou des coquilles. Ce ralentissement favorise grandement la possibilité que le cadavre se fossilise.
Ce phénomène de décomposition lente favorise grandement certains échanges chimiques qui vont favoriser la création des fossiles. La fossilisation se caractérise par une absorption minérale présente dans le milieu par le corps en décomposition. Il y a alors un transfert minéral entre le corps et la roche.
Dans ce cas, le calcium des ossements ou des coquilles est remplacé par de la matière minérale. C’est ce qu’on appelle une fossilisation parfaite. Les minéraux de substitution qui favorisent la fossilisation sont généralement de la calcite, des aragonites, de la pyrite, de la silice, des carbonates ou des silicates.
Quelles sont les conditions pour qu’un fossile se forme ?
5 conditions doivent être réunies pour qu’un fossile puisse se former :
- Pour avoir un fossile, il faut tout d’abord qu’un organisme meure. L’idéal est d’avoir des conditions en anaérobie afin d’exclure certaines bactéries et autres prédateurs charognards, avant l’ensevelissement du corps. Ainsi, il est plus facile de trouver des fossiles dans les anciens océans ou lacs.
- Le recouvrement du corps doit se faire par des sédiments mous très riches en minéraux. Un enterrement rapide augmente les chances de fossilisation. Le corps sera donc protégé des agressions extérieures dues à l’environnement.
- Puis, pendant la période d’inhumation, pouvant durer plusieurs millions d’années, les roches autour du corps doivent pouvoir favoriser le changement de composition minérale du corps. Nous en avons parlé plus haut. Donc, si ces roches sont absentes, la fossilisation ne sera pas possible. Cette altération peut être relativement subtile, comme la momification ou certains types de recristallisation.
- Les fossiles sont mieux préservés lorsque l’environnement dans lequel ils sont enfouis n’est pas affecté par une érosion, un volcanisme, un échauffement, une compression, un étirement ultérieur ou une forte altération chimique.
- Il faut que les conditions de températures restent relativement stables afin de ne pas bouleverser l’environnement microbien et favoriser les effets catalytiques chimiques.
- Enfin, les roches autour du fossile doivent être érodées, ce qui leur permet d’être exposées à la surface de la Terre à temps pour qu’un paléontologue passe et la trouve.
- Il est également intéressant de noter que dans certains cas très spécifiques et très rares, les fossiles peuvent s’opaliser. Ce phénomène est dû à un remplacement coquilles ou des os ne se transforme pas en roche pour former un fossile classique, mais passe par un stade prolongé sous forme aqueux. S’opère alors un phénomène d’opalisation du fossile.
Comment les fossiles aident-ils les géologues?
Quelques origines et changements clés dans les organismes fossiles à travers le temps géologique aident les géologues à déterminer l’âge des roches.
Les archives fossiles nous montrent que différentes périodes du temps géologique possédaient des animaux et des plantes très différents. La vie trouvée dans chaque environnement change constamment au fil du temps, avec des espèces qui apparaissent, s’éteignent, évoluent ou se déplacent vers d’autres zones géographiques.
Des fossiles distinctifs (ou des groupes de fossiles, appelés « assemblages ») peuvent indiquer aux géologues l’âge d’une roche par rapport aux autres roches de la région. Les assemblages de fossiles aident également les géologues à faire correspondre l’âge des roches d’une zone à une autre, voire dans le monde entier, si l’organisme vivait dans un large éventail d’endroits. Cette utilisation des fossiles pour aider à comprendre l’âge des roches est appelée biostratigraphie.
Les fossiles, y compris les traces de fossiles, sont utilisés par les sédimentologues pour déterminer les aspects environnementaux, tels que le climat, l’altitude, l’eau, la terre, la profondeur de l’eau et l’acidité, dans lesquels les organismes ont vécu, sont morts et ont été enterrés. Cet aspect de l’analyse des fossiles est connu sous le nom d’études paléoenvironnementales.
Dans quel type géographique et géologique peut-on trouver des fossiles ?
Les fossiles peuvent se trouver dans de nombreux endroits. La plupart du temps, on en trouve sur les plages ou dans les carrières, mais il est tout à fait possible d’en trouver partout.
Sur la plage.
Une plage en bord de littoral est certainement un endroit de prédilection pour trouver des fossiles. En effet, les plages sont souvent remuées par la marée, ce qui permet un brassage des minéraux et une évacuation de sédiments. Les vagues permettent de nettoyer ces sédiments et de mettre à jour des blocs de roches mais également des fossiles s’ il y en a. C’est d’autant plus intéressant lorsqu’il s’agit d’une plage surplombée par une falaise. Les effets de l’érosion éolienne, voire des tempêtes, érodent la surface exposée qui se retrouve ainsi sous forme d’éboulis au pied de la falaise, en contact avec le sable.
Lorsque vous vous promenez au bord de la plage, n’hésitez pas à poser votre regard sur la ligne de marée haute. Celle-ci est facile à observer car c’est la zone où les vagues déposent beaucoup de sédiments grossiers. Attention cependant, vous ne pourrez pas trouver de beaux spécimens à cet endroit là, car les graviers et les galets y sont concassées à marée haute . Vous ne trouverez que de minuscules spécimens.
À la surface d’une falaise.
Des fossiles peuvent également être retrouvés dans les falaises. Cependant, attention , la prospection de fossiles en falaise est une activité très dangereuse réservée aux professionnels ou aux personnes entraînées. Les falaises sont par définition des zones d’érosion. On dit qu’une falaise permet de lire l’histoire géologique du sol. Aussi , il est normal de retrouver dans des couches bien spécifiques des fossiles très bien conservés.
Dans les carrières.
Les carrières sont des bonnes sources pour trouver des fossiles, mais attention certaines sont bien meilleures que d’autres. Il est évident que vous ne pourrez pas vous y rendre aussi facilement. Il faut tout d’abord demander l’autorisation au propriétaire de la carrière et vérifier que la zone soit en sécurité.
Il sera donc nécessaire de trouver des carrières qui sont creusées dans un puits formant ainsi des falaises artificielles, permettant de lire plus facilement les zones géologiques intéressantes. Mais attention, une carrière est encore plus instable qu’une falaise naturelle. Il est donc capital de se renseigner auprès du propriétaire afin de pouvoir prospecter en toute sécurité.
Les zones les plus intéressantes sont évidemment les murs et falaises, mais le danger d’éboulis est important. Aussi, une autre technique consiste à vérifier les gravats qui se trouvent à leurs pieds. Ces gravats sont issus de roche instable provenant des murs de la carrière. Le travail s’en trouvera donc facilité car les blocs seront déjà concassés.
N’hésitez donc pas à regarder du côté des tas de déblais d’une carrière. La qualité des fossiles sera moins intéressante car ils seront très probablement fragmentés, mais le travail sera bien moins pénible et mieux sécurisé.
Dans les rivières.
Les fossiles peuvent être trouvés le long des berges des rivières et les fleuves. Les fossiles se constituent exactement à la même place que les galets qui sont soumis aux différents effets de crues dans un cours d’eau. Comme tous les orpailleurs le savent, les galets, les cailloux et les graviers bougent en général et sont transportés par le courant.
Il n’est donc pas rare de retrouver des traces de fossiles sur les bancs de graviers que les orpailleurs connaissent bien.
Où et comment trouver des fossiles en France.
Trouver des fossiles dépend de plusieurs facteurs géologiques (l’âge du terrain, sa composition, son érosion, des sédiments et des évènements passés ayant pu provoquer la formation de fossiles). Cependant ,il est possible de trouver certains facteurs redondants qui expliquent la présence de fossiles comme des terrains calcaires, peu fréquentés, à l’écart des routes passantes, de préférence dans les clairières, les failles et les proximités de cours d’eau.
Vous trouverez des fossiles accrochés directement sur des roches. La prospection est donc intimement liée à la géologie. En France, il est possible de trouver des fossiles un peu partout. Un peu comme en orpaillage, certains endroits ont une meilleure concentration que d’autres. Les zones de présence de fossiles en France sont assez bien connues mais la surface est vraiment très vaste.
Il faut rechercher des zones dont la géochimie est carbonatée ou alumino-calcique. On privilégiera les zones géographiques dont les couches géologiques sont explosées, du Jurassique jusqu’au Cambrien. En France, nous trouvons plus facilement des fossiles provenant de l’époque du crétacé et du jurassique.
- La chaine jurassienne.
- Tout le sud de la France de l’extrême Est à l’extrême ouest.
- Le massif central et le pied des Pyrénées sont des zones souvent prospectées par les amateurs.
- Le massif des Alpes.
- La Bretagne.
- La Normandie.
Le spot le plus connu en France se trouve à La Voulte-sur-Rhône , site fossilifère connu mondialement. Il y a un autre spot très connu en Normandie, autour de Lion-sur-mer.Deux gîtes ont été découverts dans les Yvelines en 2018, à Grignon et à Beynes mais ils ont été protégés par un arrêté préfectoral. Le département du Tarn est également très riche en fossiles, notamment autour de Castres, au niveau des terres molassiques. Nous terminerons par le département du Gard qui est également très prisé par les chercheurs de fossiles.
Sachez qu’il existe énormément d’endroits en France où il est possible de rechercher des fossiles. Nous allons maintenant vous montrer comment on peut prospecter des fossiles, un peu partout en France.
Comment trouver des sites fossilifère avec une carte géologique.
Il est tout à fait possible de faire de la prospection, tranquillement, devant un ordinateur. Il faut pour cela utiliser une carte géologique. Vous pouvez utiliser Geoportail ou Infoterre dont les cartes sont identiques.
Pour vous donner un exemple, nous allons rechercher ensemble une zone que je connais.
- Nous allons aller sur Geoportail , puis nous irons rechercher en Saone-et-Loire la commune de « La Chambre », depuis un ordinateur. Puis, nous irons sur la barre de droite, cliquer sur « + de données ». Des cartes apparaissent alors à gauche. Nous choisirons la « Carte IGN », puis suivrons la D213 au Nord-Est de « La Chambre » pour trouver un lieu, à gauche de la route, qui se nomme « L’Homme de Beurre ».
- Ensuite sur la barre latérale de gauche, nous déroulerons toutes les cartes accessibles et rechercherons la « carte géologique ».
Pour chaque couleur (ou couleur+motifs), une roche lui est associée.
Généralement, le rouge c’est du granite, le violet des gneiss ou migmatites, le bleu (et ses nuances) des calcaires du jurassique, le jaune vif du falun (ou s’il est représenté en ligne, c’est un filon de quartz). Toutes les zones aux nuances de bleus correspondent à des calcaires d’âges successifs (callovien, bathonien, et jurassique) et elles sont intéressantes à prospecter.
On peut également rechercher des annotations du type pb, Zn, Fe, Be, qui correspondent à des carrières de minerais, souvent propices à la présence de fossiles. C’est dans une carrière de plomb que j’ai trouvé mes 2 premiers fossiles.
Souvenez-vous de ceci, voici les principaux âges rocheux qui seront intéressants pour rechercher des fossiles :
- Les roches Ordoviciennes où vous pouvez trouver trilobites, bivalves, crinoïdes.
- Les roches Dévoniennes où vous pouvez trouver les coraux, brachiopodes, trilobites.
- Les roches Carbonifères où vous pouvez trouver les plantes, insectes, amphibiens, trilobites.
- Les roches Permiennes où vous pouvez trouver les plantes, amphibiens, dinosaures.
- Les roches Trias, jurassiques, crétacées où vous pouvez trouver les ammonites, brachiopodes, bivalves, coraux, oursins, vertébré.
- Les roches Paléogènes, éocènes, oligocènes, miocènes où vous pouvez trouver les bivalves, coraux.
- Maintenant il faut rechercher 2 symboles. Ces symboles sont entourés dans la carte ci-dessous.
C’est 2 symboles attestent la présence de fossiles. Celui entouré en jaune (à gauche) est le signe de présence de traces, de moulages fossilisés d’origine végétale (feuilles, branches, racines ou de la résine comme c’est le cas pour l’ambre). Le symbole entouré en rouge (à droite) correspond à des gites fossilifères (macrofaune). C’est généralement cela que l’on recherche le plus.
Nous vous mettons à disposition le pdf de la légende de la carte géologique, en téléchargement.
L’objectif sera, pour vous, de rechercher ces 2 symboles autour de chez vous, puis de plus en plus loin, pour trouver des zones dont la couche terrestre permet la recherche de fossiles en surface.
La chasse aux fossiles peut aussi bien être une promenade tranquille sur une plage en short et t-shirt pendant l’été qu’ un défi physique extrême dans les profondeurs de l’hiver. D’où la nécessitée de s’habiller correctement. Il faut aussi passer du temps à choisir ses outils qui seront nécessaires pour recueillir vos fossiles. Une préparation préalable vous aidera à vous assurer que votre prospection sera productive et sûre.
Quel matériel faut- il ?
Les fossiles seront presque toujours inclus dans la roche. Pour les endroits où la roche est dure, le couple d’outil marteau et burin est le plus approprié. D’autres préfèrent utiliser le marteau d’un géologue, mais il offre moins de contrôle lors de l’extraction de fossiles. Le marteau doit être aussi lourd qu’il puisse être sans causer de tension à l’utilisateur.
Pour les personnes ayant moins de force comme les enfants, un poids de tête de marteau de moins de 500 grammes est recommandé.
Un burin est nécessaire, associé à un marteau pour enlever les fossiles de la roche. Un grand burin pour dégrossir la majeure partie de taille et un plus petit pour un travail plus précis. Un burin composé d’acier à froid est recommandé car il est spécialement conçu pour la roche dure.
En martelant des pierres, il y a un risque de blessure par des éclats de pierre. Pensez à porter des lunettes de sécurité.
Quel est le meilleur moment ?
La recherche de fossiles peut se pratiquer tout au long de l’année, bien que l’hiver et le printemps aient tendance à produire un plus grand volume de découvertes le long des étendues côtières et des flacs exposés de montagnes et de falaises, en raison de l’action du vent, de la pluie et des tempêtes. Pendant l’été, lorsque le taux d’érosion est généralement plus faible, la collecte de fossiles dépend davantage du fractionnement des roches.
Si vous prospectez le long des régions côtières, il est préférable de faire coïncider votre prospection avec une marée descendante. Si la marée a déjà commencé à monter à votre arrivée, la collecte sera limitée à une zone et à une durée limitées.
Les sites très productifs en fossiles se trouvent généralement dans des zones à taux d’érosion élevés, principalement en raison d’un impact fort par les forces naturelles. Dans ces zones, vous rencontrerez probablement des terrains instables, avec des chutes de pierres, des surfaces glissantes, des zones sujettes à l’isolement par la marée montante. Dans les cas extrêmes, ces dangers peuvent entraîner des blessures graves. Il est donc de votre responsabilité de pratiquer votre loisir en toute sécurité, en fonction de vos propres capacités et de celles de ceux qui vous accompagnent.
Comment extraire un fossile de sa roche native ?
La collecte de fossiles et minéraux en France peut être contraire à la loi, en fonction de l’endroit ou vous vous trouvez. Il est donc important de s’informer sur la nature du terrain ( public ou privé), d’avoir l’autorisation du propriétaire terrien et de vérifier que la zone ne soit pas soumise à un classement ou un arrêté préfectoral. Il est de votre responsabilité de vous renseigner sur ces aspects via le cadastre et la préfecture.
Une fois que vous avez repéré un fossile à extraire, le but du jeu consiste à planifier soigneusement une méthode d’extraction appropriée. Le fossile est très fragile par rapport au reste de la roche dans lequel il est emprisonné. Cette roche peut parfois devenir instable, se fissurer ou se briser pendant le processus d’extraction du fossile, ce qui risque de l’endommager. Une extraction bien planifiée réduit ces risques. Cela vaut la peine de prendre son temps avant d’agir.
Il est courant de se servir des fissures naturelles passant à proximité, sous ou à travers l’échantillon fossilifère, afin de limiter les risques de casse de ce dernier. Il est conseillé de conserver autant de matrice (roche native du fossile) que possible autour du fossile. Cela le protégera pendant l’extraction et le transport.
Par exemple, on peut utiliser la technique du piédestal. Cela consiste à dérouler et fracturer au burin fin tout autour du fossile (3 centimètres autour) pour faciliter son extraction et éliminer le risque que le fossile se brise. Il ne reste plus alors qu’à libérer le piédestal matriciel contenant l’échantillon. Pour les fossiles contenus dans des roches plus tendres et des argiles, une pointe en acier peut être utilisée à la place d’un marteau et d’un burin.
Pour assurer le transport de vos échantillons, pensez à prendre un tissu, ou mieux un chiffon pour emballer vos fossiles et éviter qu’ils ne se choquent entre eux.
Nettoyage final à la maison.
Une fois vos fossiles en main et au chaud, à la maison, votre tâche sera de les préparer et les mettre en valeur. Cela vous demandera de la patience et du savoir faire. Comme toute chose, la pratique est la clé de la réussite.
Si votre lieu d’extraction est en zone côtière, il faudra éliminer la présence de sel. Le sel attire l’humidité de l’air ambiant, dissout les cristaux de sel sur votre échantillon, se recristallise et détériore votre spécimen. Les cristaux de sel non traités peuvent provoquer une instabilité de la matrice et du fossile à long terme. Pour éliminer le sel, il faut tremper votre spécimen fossilifère dans l’eau, si possible déminéralisée.
Si au contraire, votre échantillon provient d’une terre intérieure, enveloppez votre spécimen dans un torchon légèrement humide pendant 48 heures pour éviter un choc hydrique, puis plongez-le dans de l’eau douce et à l’abri de la lumière pour éviter les phénomènes d’eutrophisation. Ces processus de trempage durent 1 à 2 semaines, en changeant l’eau tout les 3 jours.
Une fois le trempage terminé, les minéraux exogènes devraient être dissouts dans l’eau et éliminés du fossile. On procède alors à un nettoyage plus « mécanique » à l’huile de coude avec une brosse à poils souples pour éliminer les saletés et matrices indésirables. Il faut ensuite laisser sécher votre spécimen naturellement à l’air libre.
Cela peut prendre quelques jours pour les plus petits fossiles jusqu’à 2 semaines pour les plus gros. Pendant cette phase de séchage, il faut tout de même rester attentif et vérifier si des fissures n’apparaissent pas (ça peut arriver). Si c’est le cas, vous pouvez solidifier le spécimen avec de la colle superglue. Le séchage provoque la contraction de la matrice et peut faire apparaître des fissures jusqu’au séchage complet. Restez vigilant.
L’échantillon étant maintenant propre et sec, l’étape suivante consiste à réparer les fissures restantes dues au séchage. Elles sont communes. Pour les fissures de surface, vous pouvez vitrifier le fossile avec une solution de Paraloid B72 diluée dans de l’acétone. Ceci aura pour effet de solidifier la surface de votre échantillon et de la stabiliser.
Maintenant que votre fossile est stabilisé, l’objectif sera d’éliminer suffisamment de matrice rocheuse afin d’exposer le plus de surface du corps du fossile sans compromettre sa stabilité. Donc, ayez la main légère car, dans le cas contraire, votre fossile sera réduit en miettes.
Si la matrice est suffisamment molle et friable comme de la craie, vous pouvez utiliser un outil métallique comme une pointe de dentiste et une bonne binoculaire. Si la matrice est plus dure, vous pouvez utiliser une Dremel avec une pointe adaptée aux surfaces à traiter. Il est également possible d’utiliser un stylo à fibre de verre mais soyez très précis.
Méthode alternative de nettoyage avec du vinaigre.
Dans le cas où la matrice de vos spécimens fossilifères est du calcaire, vous pouvez utiliser un acide. Pour ce type d’opération, on utilisera de l’acide acétique (vinaigre blanc) qui est un acide faible. Utilisez de l’acide acétique à 80% dilué dans de l’eau (5%).
NB : Réflexe de chimiste oblige, versez toujours l’acide dans l’eau; Jamais l’eau dans l’acide, car la réaction d’hydratation peut créer des projections.
Ne pas ajouter de sel au vinaigre blanc car l’acide acétique (faible) se transforme en acide chlorhydrique (acide fort) qui deviendrait trop corrosif pour votre fossile.
Plongez votre spécimen dans l’acide dilué et vous verrez que l’acide réagit avec le calcaire par une légère émulsion (hydrogène). Cela peut prendre plusieurs jours à plusieurs mois. Il faut également renouveler la solution d’acide dilué, car le calcaire neutralise l’acide. Une fois que la dissolution calcaire est satisfaisante pour vous, n’oubliez pas de neutraliser pendant 2 jours votre fossile à l’eau déminéralisée en renouvelant le bain toutes les 24 heures (donc 2 fois)